Langue et économie

Une prise en main radicale

Le 31 juillet 2003, l’OCDE a publié un rapport dans lequel il apparaissait que les pays de l'Union européenne devaient réaliser d’importantes réformes structurelles pour aider à la reprise économique.Selon l’ordre du jour de Lisbonne de l’Union européenne qui fut adopté lors du sommet extraordinaire dans la capitale portugaise en mars 2000, ”l’union européenne devra en 2010 obtenir une économie plus compétitive et plus dynamique, capable d'une croissance économique durable, d'une amélioration quantitative et qualitative de l'emploi et d'une grande cohésion sociale». Rien n’a beaucoup changé en juin 2005. L’écart de croissance entre l’Union européenne et les Etats-Unis par exemple s’est accru et l’objectif fixé à 70% d’emploi n’est pas atteint. La croissance annuelle moyenne du BNP de la zone Europe entre 1992 et 2002 s’élevait à 1,9% alors qu’elle était de 3,3% aux Etats-Unis. L’OCDE estime que les écarts vont se creuser dans le futur. 1,7% pour la zone Europe, 3,6% aux Etats-Unis  et 8,8% pour la Chine. L’OCDE a mis en garde l'Union européenne puisque cet objectif exigerait un engagement radicalement plus substantiel que celui fourni jusqu’à présent. Je pense qu’une prise en main véritablement radicale serait d’introduire une langue de travail commune. Cela ne suffit évidemment pas. Il faudrait également par exemple une réforme du système d’imposition et un effort accru dans le domaine de la recherche. De la sorte, l'Union européenne aurait les moyens de devenir un groupe uni et économiquement fort. Les barrières de communication entre des ingénieurs ou responsables français, polonais et anglais disparaîtraient à terme. Quand bien même il faudrait plusieurs décennies avant que l'Union européenne ne totalement à une langue de travail commune, le secteur commercial serait plus rapide dans cette démarche en raison de la forte incitation économique. Il est plus important pour une union économique d’avoir une langue commune qu’une devise commune même si ce facteur est aussi important. Politiciens, vous êtes responsables de l’économie de tous. Il vous faut agir.

Education ou catastrophe

H.G. Wells disait que l’histoire de l’humanité devient de plus en plus une course entre l’éducation et la catastrophe.

Les Etats-Unis d’Amérique, fédération de 50 Etats, ont le statut de pays industriel leader du monde. Ceci est favorisé par le fait que les 50 Etats partagent la même langue, laquelle s’est hissée au niveau de langue internationale tant dans les relations politiques internationales que dans la vie des affaires, la technologie et la recherche.

Un Américain n’a pas besoin de passer des années de sa jeunesse à apprendre une langue étrangère même s’il veut devenir chercheur ou ingénieur. Pourquoi le devrait-il? C’est ce que doivent au contraire faire ceux dont l’anglais n’est pas la langue maternelle. Ces personnes connaissent un fort handicap face aux anglophones qui n’ont pas eu besoin de «perdre leur temps» dans des études de langues. Pourtant et en dépit d’années d’études, les non anglophones ne comprendront pas les ouvrages spécialisés ou encore ce qui est dit lors de congrès internationaux où on parle anglais.

L’histoire est également importante

L’handicap linguistique ne va pas seulement continuer d’être mais également accroître, indépendamment des années d’études que nous obligerons nos jeunes à suivre, et ce en raison d’un développement technique grandissant dans un monde de plus en plus compliqué. Les années dédiées à l’apprentissage d’une langue étrangère devraient être employées, au contraire, à l’apprentissage professionnel, à l’histoire, à la littérature, aux mathématiques. Si les connaissances linguistiques des prochaines générations sont encore plus indispensables qu’aujourd’hui, il faut tout de même noter que ces générations auront le même cerveau que nous. Comment pourront-elles faire face aux exigences de connaissances toujours croissantes? Si nos politiciens le veulent, le problème peut être résout de manière accommodante. Il existe bien une langue internationale facile à apprendre. Si les politiciens en faisaient la langue de travail de l'Union européenne, cette langue deviendrait bientôt la langue commune au monde entier en terme de communication et de sciences.

Les différences de croissance économique entre les pays ayant des systèmes politiques similaires s’expliquent vraisemblablement par leur degré de connaissance, le niveau d’éducation de la population. Ce qui signifie que les pays anglophones auront un bien meilleur développement économique que les pays dont les jeunes doivent passer deux années consécutives à l’apprentissage de l’anglais, avant toute immersion dans la vie active.

Il existe d’autres facteurs importants à la croissance économique, la liberté, de bonnes infrastructures, des règles bien établies de bonne conduite sur le marché, un haut niveau d’investissement et des prix compétitifs.

Affaires internationales ratées

Que nous le voulions ou non, nous devons accepter le fait qu’il n’existe plus d’économies nationales à proprement parlé et que nous nous dirigeons vers une économie globale intégrée. Le commerce entre pays nécessite une communication entre vendeur et acheteur par laquelle les deux partenaires se comprennent et par laquelle aucun malentendu n’aura lieu. Combien de transactions commerciales n’ont-elles pu aboutir entre par exemple des Suédois, parlant mal l’anglais, et des Japonais, le parlant tout aussi mal? Selon le cabinet d’avocats international Baker McKenzie, qui compte des cabinets dans 35 pays, les méprises sont bien vraisemblablement à la source d’affaires internationales manquées.

La confusion des langues est un obstacle au commerce entre ces pays et les coûts de traduction impliquent de vastes sommes. Cet argent provient en fin de compte des salaires des ménages du monde entier. La confusion des langues coûte chaque année des milliards d’euro aux hommes et femmes du monde entier. Voulez-vous que cela change?

Les pays pauvres n’ont pas les moyens de faire de mauvaises affaires

Les pays pauvres n’ont nullement besoin de faire de mauvaises opérations internationales à cause du manque de qualifications linguistiques.

Si les élèves du monde apprenaient l’espéranto au lieu d’étudier une langue étrangère durant des années alors qu’ils ne la maîtriseront jamais, ils pourraient consacrer plus de temps à l’apprentissage d’autres sujets plus importants pour l’économie de leur pays, comme par exemple à l’apprentissage de leur langue maternelle ou de l’histoire de leur pays. Le niveau éducationnel et des standards de vie n’en seraient que plus élevés.

Des études montrent que les échanges et les investissements progressent dans les domaines où la langue est commune. L’espéranto n’a pas pour objectif de remplacer la langue maternelle d’un pays, au contraire. Un de ses buts est de contribuer à la conservation des différentes langues pour que, dans l'Union européenne future ou dans le monde à venir, tout le monde maîtrise deux langues, la sienne et l’espéranto, et que les barrières de la langue tombent. Ceci contribuera sans aucun doute à promouvoir les échanges, les investissements et la prospérité.

La langue internationale commune à tous les hommes libres

Si tous les hommes de la terre pouvaient communiquer librement, on verrait jaillir un échange mutuel d’idées et une solidarité internationale que seuls les dirigeants de pays asservis pourraient craindre. Il est évident que les habitants de tels pays ne pourront, dans les premiers temps, apprendre la langue commune des hommes libres. Pourtant, aucun pays ne peut s’en sortir sans communication internationale. L’espéranto est tellement facile que les personnes avides de nouveauté finiront par l’apprendre qu’elles le peuvent ou non.

L’utilisation générale de l’espéranto permettra aux connaissances nouvelles de se répandre plus rapidement, aux technologies nouvelles d’être assimilées plus rapidement. Les études et les sciences se trouvent incitées si les étudiants et les scientifiques ont accès à l’information ailleurs que dans leur propre langue. De nombreux chercheurs ne maîtrisent à ce jour que leur propre langue maternelle, que ce soit le français, l’anglais, le chinois, le russe ou l’espagnol.

Un avantage pour tous

Si nous pouvons tous communiquer librement les uns avec les autres dans une langue internationale neutre, nous en tirerons tous un profit conséquent. Il n’est cependant pas recommandé qu’une langue nationale devienne la seule langue internationale. Ceci engendrerait un impérialisme linguistique contribuant à exterminer bon nombre de langues nationales en introduisant par la même occasion un nivelage culturel global. Le tout aboutirait à déclencher des manifestations nationales de mécontentement et l’inquiétude politique à travers le monde.

Si l'Union européenne adopte l’espéranto comme langue officielle, ce choix se répercutera favorablement dans les pays pauvres puisque leurs jeunes pourront apprendre l’espéranto plus rapidement avec des moyens financiers moindres que pour n’importe quelle autre langue. Finalement, les techniques relatives à l’accroissement de la prospérité bénéficieront d’une propagation globale. Pour qu’une technique nouvelle s’introduise dans un pays, il ne suffit pas qu’une poignée d’ingénieurs de la capitale aient des connaissances dans cette technique.

Vingt fois plus de langues

De nombreux Africains instruits supportent l’espéranto et considèrent que lui seul peut les libérer des impératifs linguistiques des anciens colonisateurs et ouvrir la voie à des contacts égaux avec les autres pays. En Afrique, on parle vingt fois plus de langues qu’en Europe (2 000 correspondent à environ 100) bien qu’il vive autant de monde dans les deux parties du globe. L’introduction de l’espéranto sera un geste de bonne volonté et de solidarité envers les pays pauvres à travers le monde. Ces pays n’ont pas les moyens d’enseigner l’anglais à tous les élèves durant des années, surtout lorsque que la grande majorité des élèves n’en fera que peu ou pas d’usage. L’espéranto pourrait contribuer à augmenter les contacts internationaux, surtout entre les pays les plus pauvres. Les pays d’Afrique n’ont à ce jour pu se mettre d’accord sur une langue commune pour leurs contacts mutuels.

Il vaut mieux être riche et en bonne santé que pauvre et malade

Si nous nous mettons d’accord sur une langue internationale commune facile à apprendre, les conséquences seront considérablement importantes pour la santé publique dans tous les pays, même le notre.

Je m’explique.

Une telle langue permettrait la promotion et la diffusion des droits de l’Homme (selon les Nations Unies) dans tous les pays (voir plus haut). A partir du moment où les droits de l’Homme sont respectés dans une société donnée, cette même société se chargera d’entretenir le niveau de santé de sa population. Ceci suppose que tous les droits de l’Homme soient satisfaits pour que le bien-être et la santé existent. Le droit à la santé ne peut s’appliquer isolément.

Une langue internationale commune favorisera la propagation rapide des technologies médicales nouvelles à tous les pays du monde. Elle favorisera également, tout en en réduisant le coût, la formation des médecins, du personnel infirmier et médical.

Une langue internationale commune devrait favoriser le développement économique dans tous les pays. Le développement social et économique est un facteur essentiel à la santé. Et inversement. Des services sanitaires et de soin promeuvent l’économie d’un pays. Lorsque l’économie d’un pays se développe, il est alors possible de construire une infrastructure efficace laquelle contribue largement à améliorer l’état de santé de la population, laquelle à son tour participe à promouvoir l’économie du pays etc.

Une infrastructure efficace comprend des écoles, des routes, des voies ferrées, des aéroports, des installations portuaires, des centrales d’énergie, des installations électriques, un système hydraulique et de canalisation, le traitement des déchets, des lignes de communication etc.


© Hans Malv, 2004